L’EPTB a engagé depuis plusieurs années un travail de valorisation des patrimoines – naturel, culturel, immatériel, ... – de la Sèvre Nantaise et un projet de collecte de la mémoire vivante du territoire. Après les études des sites de Fleuriais (Saint-laurent-sur-Sèvre, 85), Moulin-Neuf (Saint-Jouin de Milly, 79) et Gervaux (Clisson, 44), l’établissement de bassin versant a le plaisir d’annoncer la parution d’un ouvrage sur la filature de Hucheloup (Cugand, 85).

Remise de l’ouvrage sur Hucheloup, remerciement aux témoins

L’ouvrage, écrit par Hélène Rabu, journaliste, et coordonné par l’EPTB Sèvre Nantaise, retrace l’histoire, l’organisation et le fonctionnement de l’usine textile créée par Jean Péquin vers 1830. Une enquête minutieuse dans les archives et un travail considérable sur les vestiges et les photographies a permis d’en restituer les plans successifs et les productions. Grâce aux témoignages précieux des anciens ouvriers de l’usine et de certains travailleurs occasionnels, il a été possible de redonner vie aux machines, aux gestes, aux bruits et aux individus qui coexistaient dans cet ensemble majestueux, émanation de l’architecture clissonnaise adaptée aux contraintes industrielles.

Ce travail de collecte de la mémoire prend la forme d’un livre de 300 pages richement illustré. Il a été remis vendredi 17 mai, à la mairie de Cugand, en avant-première aux témoins et acteurs du projet sans lesquels rien n’aurait été possible. Ceux-ci, qui attendaient avec impatience la sortie de l’ouvrage, l’ont reçu avec émotion et ont pu y retrouver leurs mots, exactement transcrits par Hélène Rabu, dont l’enthousiasme et l’énergie ont une nouvelle fois captivé l’assemblée. Le document a été déposé en trois exemplaires à la médiathèque municipale et mis à disposition de tous les lecteurs.

Afin de rendre accessible à tous l’histoire et la mémoire de cette filature, la sortie du livre sera accompagnée d’une conférence animée par l’auteur, le vendredi 20 septembre 2019, inaugurant ainsi le week-end des Journées Européennes du Patrimoine.

Mieux connaître le site de Hucheloup

Le site de Hucheloup , à Cugand (Vendée), a accueilli, dès le milieu du XIXe siècle, une usine textile dont la production a évolué au cours du temps : filature de laine, atelier de tissage, production de feutres et de draperies… Les propriétaires se sont succédés, du légendaire Jean Péquin dont la dynastie familiale perdurera jusque dans les années 1930, jusqu’à Louis Amyot qui fermera l’usine en 1985. L’usine a traversé les guerres, les crises, les innovations technologiques en continuant de se réinventer pour perdurer. Elle a fait travailler des centaines de salariés.

Au cœur du village de Hucheloup, sur les bords de la Sèvre nantaise, le développement de la filature en a conditionné l’expansion. Le travail à l’usine rythmait la vie des foyers et la figure du patron, capitaine d’industrie, rayonnait sur le territoire. La filature de Hucheloup apparaît comme le modèle type du développement des premières industries de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Elle met en lumière des aspects complexes du patrimoine industriel de la région, témoin d’une époque et d’une civilisation optimiste et entreprenante, entre deux tournants économiques majeurs, les débuts de l’ère industrielle au 19es et la fin de celle-ci à la fin du XXe siècle.

Aujourd’hui quelques bâtiments subsistent, qui permettent de témoigner de la splendeur d’autrefois, mais le site est laissé à l’abandon en attendant une éventuelle reconversion.

 La collecte de la mémoire

Le patrimoine immatériel rassemble l’ensemble des pratiques, savoirs, gestes, traditions orales, rites, fêtes… qui appartiennent à notre histoire individuelle et collective et forment un socle culturel commun et diversifié. Ce patrimoine, dont la notion est relativement récente, connaît aujourd’hui, notamment grâce au soutien et à la promotion de l’Unesco, une reconnaissance officielle. Domaine d’étude dynamique et en pleine mutation, il fait l’objet de projets de recherches et de conservation innovants. Plus encore que la nécessaire mémoire historique des savoirs et des techniques, aujourd’hui, dans une société en plein bouleversement, ces récits précieux prennent un sens nouveau. Témoignant d’une autre façon de vivre, de penser le monde ou d’en exploiter les ressources, ils montrent un autre modèle et nous invitent à nous questionner sur la manière dont nous voulons nous positionner dans le futur. En valorisant des savoirs anciens, le patrimoine immatériel incite au rassemblement et au partage.

Conscient de la fragilité de ce patrimoine dont les trésors peuvent disparaitre avec leurs auteurs, l’EPTB Sèvre Nantaise participe à la sauvegarde de cette mémoire vivante sur le bassin de la Sèvre Nantaise. Son objectif est de comprendre l’histoire et le fonctionnement des sites hydrauliques, de documenter les gestes et savoir-faire liés à la production industrielle, de conserver des traces de l’organisation sociale autour des rivières et recueillir des informations sur la gestion de l’eau aux époques précédentes.

S’appuyant sur des échanges et des discussions avec des témoins, sur l’étude approfondie du site, des archives et des photographies, un document de synthèse récapitule l’ensemble des informations collectées sous la forme d’un recueil de la mémoire, d’un album photo ou de données numérisées.

Plusieurs témoignages et sites ont fait l’objet d’un tel dispositif :

• les mémoires de Gabriel Neau, au moulin de Gervaux (Clisson, 44) 
• les témoignages des ouvriers de la Tannerie de Fleuriais (Mortagne-sur-Sèvre, 85)
• les mémoires de Gustave et Mylène Bodin, au Moulin Neuf (Saint-Jouin de Milly, 79)