La fin d’un projet de recherche et développement mené par le BRGM en collaboration avec l’EPTB Sèvre Nantaise…

Dernière modification : 02/2020

Le projet TrEauDo pour « Traçage des rejets d’Eaux usées Domestiques dans les eaux de surface et les eaux souterraines » a été porté par le BRGM en collaboration avec la société GéoHyd et avec le cofinancement de la Région Centre Val de Loire entre 2016 et 2019.

Quel objectif pour ce projet, pour quel enjeu ?

Définir une méthodologie pour tracer la présence d’eaux usées domestiques dans les eaux de surface et les eaux souterraines.
Les stations d’épuration sont une voie de transfert et une source potentielle de contamination des milieux aquatiques

A noter : L’originalité de la méthodologie repose sur une approche multi-traceurs, basée sur des outils chimiques et isotopiques : elle se veut générique et applicable à tous les cas où une contamination via les rejets d’eaux usées domestiques est envisageable.

Pourquoi un traceur ?

Un traceur « idéal » ou pertinent doit ici permettre lorsqu’il est mesuré dans un échantillon d’eau d’identifier la présence d’eaux usées domestiques dans cet échantillon. Par conséquent il doit notamment être originaire d’une seule source de contamination (à savoir ici les eaux usées domestiques) ou alors posséder une signature typique de cette source. Il peut s’agir par exemple d’une substance médicamenteuse si celle-ci n’est utilisée qu’en médecine humaine.

 

Le saviez-vous ?

Les isotopes d’un même élément chimique se différencient par la composition de leur noyau ; ils ont le même nombre de protons, mais un nombre de neutrons différents, ce qui leur confère une masse différente. En géochimique isotopique on s’intéresse au rapport entre un isotope « lourd » et un isotope « léger », appelé signature isotopique, qui peut permettre de marquer l’origine de cet élément chimique (à la manière d’une empreinte digitale), ou encore tracer un processus au sein du milieu (évaporation, adsorption, absorption, précipitation…).

Pourquoi notre territoire ?

Le bassin versant de la Sanguèze, affluent rive droite de la Sèvre Nantaise a été retenu pour développer et éprouver cette méthodologie. Il a été choisi en concertation avec l’EPTB Sèvre Nantaise, structure porteuse du SAGE pour plusieurs raisons :

  • un contexte hydrogéologique pour lequel les rejets de stations d’épuration peut correspondre à une part importante des débits des rivières en période d’étiage, maximisant ainsi les chances de constater un impact de ces rejets ;
  • la présence de plusieurs stations d’épuration inventoriées, de filières de traitements différents et de dimension plutôt modeste, permettant ainsi de s’écarter des cas typiquement étudiés dans la littérature scientifique ;
  • la présence de rejets industriels de plusieurs natures ;
  • une activité agricole et viticole fortement présente.

De plus, la forte contamination de la Sanguèze par l’AMPA (Acide aminométhylphoshonique) était également un contexte permettant d’utiliser cette méthodologie pour mieux cerner les origines de cette molécule qui s’avèrent multiples : dégradation du glyphosate présent dans les désherbants, dégradation de certains phosphonates présents dans les lessives, détergents industriels et domestiques, liquides de réfrigération, etc.

Quels enseignements ?

Un point positif est le fait que plusieurs traceurs se sont avérés pertinents sur le site d’étude pour répondre à l’objectif cité ci-dessus.

Il s’agit :

  • de l’oxazépam (médicament contre l’anxiété) dont la source est exclusivement d’origine domestique,
  • du bore, utilisé dans les lessives et détergents en tant qu’agent blanchissant, dont la signature isotopique est spécifique à cette source.
  • du tolyltriazole et du benzotriazole (produits lave-vaiselle et agent anti-corrosion) dont les sources sont domestiques mais aussi industrielles ;

 
Concernant le cas spécifique de l’AMPA, le projet a bien confirmé que sur le bassin versant de la Sanguèze il existait en plus de l’origine agricole/viticole de cette substance (via l’usage de glyphosate) une voie de transfert de cette substance vers la rivière via les rejets de stations d’épuration industrielles mais aussi domestiques, pour ces dernières l’origine de l’AMPA dans les rejets restant à élucider.

Cela confirme donc la nécessité de mobiliser tous les acteurs du territoire pour réduire l’ensemble des sources entraînant aujourd’hui une contamination importante de la Sanguèze et de ses affluents.

 
L’AMPA et le glyphosate ont été systématiquement quantifiés dans les rejets de stations d’épuration suivies (Tillières, Poterie, Chalousière et Baronnière) quelle que soit leur capacité et leur type de traitement ou même leur type de réseau. Cela peut représenter une source non négligeable sur le bassin de la Sanguèze. Concernant le rejet de la laiterie présente sur Vallet, le glyphosate n’a jamais été quantifié pendant les mesures réalisées mais la présence d’AMPA a été mise en évidence.

 Les résultats de ce projet montrent également que l’AMPA a un comportement peu conservatif au sein de la rivière avec des « abattements » identifiés en plus des effets de dilution : la concentration en AMPA baisse en effet rapidement sur des distances assez courtes. La différence de comportement entre l’AMPA et le glyphosate limite donc fortement la pertinence de l’utilisation du seul ratio entre ces deux molécules pour en déterminer l’origine dans les cours d’eau.

 
=> Pour une prise de connaissance plus détaillée des résultats de ce projet, vous pouvez consulter le rapport final ainsi que la plaquette illustrant la méthodologie pour l’AMPA.

Contact :

Line FILLONNEAU

Chargée de mission pollutions non agricoles

Etablissement Public Territorial du Bassin de la Sèvre Nantaise

Moulin de Nid d'Oie 10bis route de Nid d'Oie CS 49405
CLISSON Cedex

02.51.80.09.51

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Contact :

Bureau de Recherches Géologiques et Minières - Centre scientifique et technique

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