Pesticides : collectivités, comment agir ?
Dernière modification : 12/2020
Parce que l'usage de pesticides est un enjeu environnemental et de santé publique, les collectivités ont un rôle d'exemplarité à tenir. L'usage de pesticides sur les espaces publics expose en effet les populations (pelouses, terrains de sport, trottoirs, etc.). Pour agir, les collectivités mènent plusieurs démarches complémentaires : analyser leurs pratiques et développer les alternatives, s'interroger sur la notion de propreté urbaine et sur le regard porté sur les herbes folles, concevoir les nouveaux aménagements pour un entretien sans pesticides, informer et sensibiliser le grand public.
Le saviez-vous ?
Depuis le 1er janvier 2017, les collectivités voient l’usage des produits phytosanitaires restreints selon le lieu d’application. Elles ne peuvent notamment plus utiliser ou faire utiliser des produits phytosanitaires dans « des espaces verts, des forêts, des voiries* ou des promenades accessibles ou ouverts au public ». Les produits utilisables en agriculture biologique, les produits à faible risque et les produits de bio-contrôle ne sont pas concernés par cette interdiction.
À noter : un cimetière n’est pas un lieu de promenade sauf cas particulier (carré militaire, sépulture de personnalité ou d’intérêt architectural…). De même, un terrain sportif n’est pas un lieu de promenade s’il est clos sans accès libre au public. Sur ces lieux, il est donc possible pour la collectivité d’appliquer des produits phytosanitaires.
Néanmoins de par l'exposition des usagers sur ces espaces et des risques de transfert vers les milieux aquatiques, il est fortement encouragé de supprimer progressivement les usages sur ces lieux.
Le SAGE de la Sèvre Nantaise fixe l'objectif zéro phyto total pour l'année 2020.
S'engager dans une démarche de réduction de l'utilisation des pesticides
Votre commune a pu s'engager ou formaliser sa démarche de réduction progressive de l'usage de pesticides en étant signataire de Charte régionale : la Charte Terre saine « Votre commune sans pesticides » en Poitou-Charentes (http://www.terresaine-poitou-charentes.fr/), la Charte « pour des communes sans pesticides » en Pays-de-la-Loire.
Ces chartes définissent des objectifs progressifs et une démarche fonctionnant par étapes (formations, diagnostic, etc.) : des outils méthodologiques et techniques sont apportés pour formaliser l'action. Cela permet également de bénéficier d'une dynamique locale et régionale (animations, conseils, suivi).
Aujourd'hui, il existe également le label national "Terre Saine, ma commune sans pesticides" qui distingue les collectivités territoriales pionnières et emblématiques en termes de gestion sans pesticide des jardins, des espaces végétalisés et des infrastructures. Pour obtenir ce label, votre collectivité doit déposer une candidature en ligne sur le site ecophyto-pro.
Réaliser un plan de gestion de l'herbe (ou plan de désherbage)
Il s'agit d'un outil de diagnostic des pratiques et des risques liés à l'utilisation de pesticides sur les espaces publics (pollutions, santé des applicateurs, exposition des usagers).
C'est une démarche qui vous permettra :
- de connaître et analyser les pratiques des différents services (voirie, espaces verts),
- de préciser quels sont les objectifs d'entretien actuels et à venir,
- de mettre en évidence les zones à risque vis-à-vis de la qualité de l'eau,
- de proposer et échanger sur les alternatives pouvant être mises en œuvre au cas par cas,
- de formaliser et réfléchir la démarche globale de réduction de l'usage des pesticides.
Exemples de cahiers des charges « plan de désherbage/gestion de l'herbe » :
- Plan de déserbage communaux, cahier des charges de numérisation (Geopal, CAP Atlantique, CREPEPP)
- Plan de désherbage communal, cahier des charges Version 2013 (CREPEPP Pays de la Loire)
Développer l'utilisation des techniques alternatives et la gestion différenciée des espaces
La gestion différenciée des espaces consiste à adapter la technique à l'espace selon sa localisation, ses usages, etc. Elle représente un équilibre entre les usages du site, le développement de la biodiversité et la protection des ressources naturelles. Cette approche contribue fortement à la démarche de réduction de l'usage des pesticides car elle a pour objectif de concilier un entretien environnemental des espaces, des moyens humains et du matériel disponibles pour un cadre de vie de qualité.
Ainsi une des premières questions à se poser est « Pourquoi désherber cet espace ? » puis « Quel visuel (et objectif d'entretien/gestion) est attendu sur cet espace ? ». De ces deux questions découleront de premiers éléments d'information pour adapter les alternatives au chimique.
Concernant les alternatives, on peut noter :
- les techniques de désherbage mécanique : débroussaillage, balayage mécanique, binage, bineuse mécanique (surfaces sablées/gravillonnées)
- les techniques de désherbage thermique : gaz, eau chaude, mousse, vapeur
- le réaménagement de certains espaces : fleurissement de pieds de murs, paillage des massifs, etc.
Les retours d'expérience sur ces diverses techniques montrent qu'il n'existe pas UNE technique mais qu'il est nécessaire de déployer plusieurs alternatives selon les objectifs d'entretien fixés et les caractéristiques du site entretenu (revêtements, accessibilité du matériel, usages, surface, etc.).
Pour en savoir plus, consultez le site http://www.gestiondifferenciee.org
Accepter davantage la flore spontanée sur vos espaces publics
En écologie, la flore spontanée est définie comme la flore « qui pousse naturellement sans intervention humaine et qui maintient ainsi un processus naturel de colonisation ». C'est ce qu'on appelle aussi « les adventices », les « herbes folles » ou encore « les mauvaises herbes » !
Souvent considérées comme des concurrentes aux plantes cultivées et/ou comme inesthétiques, elles font l'objet de lutte acharnée pour permettre leur éradication.
Ces plantes peuvent cependant s'avérer utiles (faune auxiliaire, plantes médicinales, amélioration du sol) et s'intégrer parfaitement dans le paysage si nous changeons notre regard sur ces herbes sauvages.
Ainsi leur présence sur nos espaces publics est aussi signe d'un environnement plus sain !
Consultez aussi : Mauvaises herbes on vous aime ! Moins mauvaises que les désherbants, apprenez à les connaitre (MCE)
Intégrer l'objectif "zéro phyto" dans la conception des espaces publics
Les surfaces à entretenir augmentent d'année en année pour de nombreuses collectivités : cela représente plus de temps d'entretien/gestion pour les services techniques.
Face à ce constat, l'aménagement des espaces publics doit être pensé en intégrant l'objectif Zéro Phyto dès les avant-projets.
De nombreuses questions doivent être posées :
- Quels sont les usages et vocations des différents espaces verts prévus ? Quel niveau d'entretien sera souhaité ?
- Comment faire des choix permettant de limiter les temps d'entretien de ces espaces supplémentaires (types de végétaux, paillages, choix des revêtements pour la voirie et les allées, dimensionnement des espaces, accessibilité du matériel, etc.)?
- Comment mieux intégrer à terme les adventices dans l'aménagement ?
- Quelles techniques alternatives pourront être déployées (au regard de celles utilisées par la commune) ?
- Etc.
Bien intégrer ces éléments nécessite d'associer les services techniques concernés dès l'avant-projet et de rédiger des cahiers des charges intégrant l'objectif zéro phyto afin d'inciter les aménageurs à faire des propositions adaptées.
Conformément au SAGE de la Sèvre Nantaise, les collectivités du bassin versant devront atteindre l’objectif Zéro phyto total (cimetières et terrains de sport inclus) à horizon 2020.Le saviez-vous ?
Sensibiliser les habitants aux risques liés aux pesticides et aux alternatives possibles
Une prise de conscience de la population est indispensable pour permettre une compréhension et une adhésion aux changements de pratiques des collectivités mais également pour développer de nouvelles pratiques d'entretien de leurs propres jardins et trottoirs. Les risques sanitaires et environnementaux liés à l'utilisation de pesticides doivent être expliqués à tous afin de responsabiliser chacun sur cette problématique. Conseiller sur l'éco-jardinage et les techniques alternatives est également un bon moyen de montrer aux jardiniers amateurs qu'il existe des solutions. La question du regard porté sur les herbes sauvages doit également être un axe de communication et de sensibilisation développé par les collectivités.
La Charte de l’Eco’Jardinier de la Sèvre Nantaise, collectivités à vous de jouer !
Cette charte créée en 2015 a consisté à fédérer les particuliers dans la réduction de l’usage des pesticides pour la préservation de l’eau, de la biodiversité et de la santé.
Le portage local de cette démarche était alors privilégié pour en garantir l’efficacité : la proximité est indispensable pour suivre et conseiller les particuliers. Il est important de relier cette démarche à l’engagement de la collectivité dans l’objectif Zéro Phyto 2020.
La charte s’adressait à tous les habitants du bassin de la Sèvre Nantaise qu’ils disposent ou non d’un potager ou d’un jardin car l’objectif est bien de changer toutes les pratiques : entretien des trottoirs, allées de garage, pieds de murs, potager, gazons, toitures et façades, etc.
Aujourd'hui la réglementation interdit l'utilisation de pesticides par les particuliers, la charte n'étant plus adaptée il a été décidé de transmettre aux communes et intercommunalités du territoire les deux outils de communication pouvant être largement distribués aux particuliers dans le cadre de vos animations ou actions de communication sur le sujet:
- l'autocollant plastifié "Pas de pesticide, c'est possible" (photo ci-dessus);
- la notice sous forme de livret présentant des conseils sur le jardinage au naturel (téléchargeable en version pdf en bas de page).
Contact :
Line FILLONNEAU
Chargée de mission pollutions non agricoles
Etablissement Public Territorial du Bassin de la Sèvre Nantaise
Moulin de Nid d'Oie 10bis route de Nid d'Oie CS 49405
CLISSON Cedex
02.51.80.09.51