La qualité de l'eau en pesticides
Les pesticides (produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires, biocides) sont des produits chimiques appliqués sur une culture, des plantes ou des aliments pour lutter contre des organismes vivants jugés nuisibles. Ils rassemblent les insecticides, les fongicides, les herbicides ou désherbants, les parasiticides. Ils regroupent plus de 1000 substances chimiques appartenant à près de 150 familles chimiques différentes. Pesticides et métabolites de pesticides peuvent polluer l'eau à des concentrations infimes.
Les objectifs
La Commission Locale de l'Eau a fixé 2 objectifs concernant les pesticides :
- 0,5 µg/L pour le cumul des substances actives analysées* (pour 90% des mesures) à partir de 2021
- 0,1 µg/L par substance active analysée à partir de 2021
* : pour une liste de constante de 342 substances
Respect de l'objectif pour le cumul des substances actives en 2023
En 2023, sur les 35 stations faisant l'objet d'un suivi des pesticides avec une fréquence suffisante pour analyser les résultats :
- 10 stations respectent l'objectif du SAGE (soit 29% des stations)
- 12 stations présentent entre 10 et 40% de dépassements (soit 34% des stations)
- 10 stations présentent entre 40 et 80% de dépassements (soit 28% des stations)
- 3 stations présentent plus de 80% de dépassements (9% des stations)
29%
des stations respectent l'objectif de 0,5 µg/l pour le cumul des pesticides analysés en 2023
La carte ci-dessous présente pour chaque station faisant l'objet d'un suivi des pesticides et de leurs métabolites le résultat obtenu pour l'année 2023 : respect de l'objectif (pastille verte) ou non respect (pastille jaune, orange, rouge).
Les principaux micropolluants retrouvés en 2023
Le graphique ci-dessous présente les 25 substances actives "les plus retrouvées" dans les eaux de l'ensemble du bassin de la Sèvre Nantaise en 2023.
Comment lire le graphique ?
Pour chaque substance active (molécule(s) composant un pesticide ou autre micropolluant), le taux de quantification correspond au nombre de fois où cette substance a pu être quantifiée (c'est à dire que sa concentration a pu être mesurée) sur le nombre de fois où elle a été recherchée.
Ce taux est exprimé en pourcentage. Dans le cas où la substance active est quantifiée, sa concentration peut dépasser le seuil de 0,1 µg/L (en orange), voire de 2 µg/L (en rouge).
149
c'est le nombre de substances actives et leurs métabolites quantifiés dans les analyses d'eau en 2023, sur les 729 substances recherchées (soit 20%).
Le point sur les substances les plus quantifiées
- L'AMPA (acide aminométhylphosphonique) est notamment d’un des principaux métabolites du glyphosate (substance active de l'herbicide "Roundup", "Axalis", "Glyper"...). L'AMPA peut également être issu de la dégradation d’autres molécules, les phosphonates contenus notamment dans des lessives, des détergents industriels et domestiques ou encore des liquides de refroidissement.
Lors des analyses réalisées en pesticides 2023 dans le bassin de la Sèvre-Nantaise, l’AMPA est le pesticide le plus fréquemment retrouvé. Il est quantifié dans 87% des analyses réalisée. Dans dans 2% des analyses la concentration en AMPA dépasse la limite de 2 µg/L, au-delà de laquelle l'eau (brute), qu'elle soit d'origine superficielle ou souterraine, ne peut plus être utilisée pour produire de l'eau potable. Et dans 49% des analyses, la concentration en AMPA dépasse l’objectif (et seuil de potabilisation) de 0,1 µg/L. - Le MetolachlorESA, comme le MetolachlorOXA est un métabolite issu de du S-Metolachlore, un désherbant utilisé par les professionnels.
Le MetolachlorESA est quantifié dans 97% des analyses réalisées sur le bassin et à des concentrations inférieures au seuil « eau brute » de 2 µg/L mais qui dépasse dans 56% des cas l’objectif (et seuil de potabilisation) de 0,1 µg/L.
Le métabolite MétolachlorOXA est quantifié dans 62% des analyses réalisées sur le bassin en 2023 et à des concentrations inférieures au seuil « eau brute » de 2 µg/L, mais qui dépasse dans 10% des cas l’objectif (et seuil de potabilisation) de 0,1 µg/L.
L'alachlore ESA, l'acétochlore ESA, l'acétochlore OXA, le métazachlore ESA, le métazachlore OXA, l'alachlore OXA, le métolachlore ESA et le métolachlore OXA sont majoritairement formés dans l'environnement, le sol en particulier, par biodégradation des molécules mère.Pour mémoire, deux des molécules mère de l’alachlore sont aujourd'hui interdites : l'alachlore et l'acétochlore.
- Le Benzotriazole n'est pas une substance utilisée comme pesticide (il s'agit d'un additif anticorrosif utilisé notamment dans les liquides de refroidissement). Il est retrouvé dans 54 % des analyses et dans 22 % des cas à des concentrations dépassant l’objectif de 0,1 µg/L.
- Le Glyphosate est un herbicide employé en agriculture pour éliminer les végétaux des parcelles avant les semis et sans travailler le sol. Cette molécule est interdite pour les collectivités, les particuliers, et tolérée pour un usage agricole. Le glyphosate est quantifié dans 48% des analyses réalisées sur le bassin en 2023 et dans 9% des cas à des concentrations dépassant l'objectif de 0,1 µg/L.
- Le Méthylphénol-4 présente diverses origines industrielles et agricoles. Cette substance peut rentrer dans la composition de pesticides, de cosmétiques, de solvants à usages industriels (ex.métalurgie), de bactéricides. Elle peut aussi être retrouvée dans des produits hydrocarbures d'origine fossile.
- Din-butylphtalate ou Phtalate de dibutyle est utilisé essentiellement comme plastifiant pour les matières plastiques et élastomères, également employé comme additif pour les adhésifs ou les encres d'impressions.
- Le Métobromuron est une substance herbicide d'origine agricole (pommes de terre, soja, tournesol, etc.).
- Le Bentazone est une substance issue d'herbicides utilisés en agriculture. Son interdiction en 2020 a concerné certains usages (désherbage sur céréales par exemple) mais cette substance reste aujourd'hui autorisée sur certaines cultures telles que le maïs, les crucifères et légumineuses fourragères, le sorgho.
Origines des pesticides
L'agriculture est le premier utilisateur de pesticides, mais ceux-ci sont également utilisés très ponctuellement par les collectivités pour l'entretien de certains espaces (pour des espaces autorisés dans le cadre de la loi Labbé en vigueur depuis le 1er janvier 2017 ou ayant recours à des biocides), par les gestionnaires d'infrastructures de transport (voies ferrées, autoroutes, etc.) ainsi que par les particuliers (point d'attention: au 1er janvier 2019 seuls les biocides et produits à faible risque seront autorisés à la vente, détention et usage).
Le transfert des pesticides vers les cours d’eau et milieux aquatiques s'effectue majoritairement par ruissellement tandis que son transfert vers les eaux souterraines se fait de manière « retardée » par infiltration.
Effets
Les pesticides contaminent tous les compartiments de l’environnement aquatique (eau de surface, eau souterraine). Ces produits perturbent la production d’eau potable : des investissements et des coûts de fonctionnement importants sont nécessaires pour abattre leurs concentrations. Toxiques pour les êtres vivants et l’homme, leurs effets peuvent être aigus (à l’ingestion ou l’inhalation) ou retardés avec des risques de cancérogénicité, troubles de la reproduction et du développement (ce sont des perturbateurs endocriniens), troubles neurologiques...
Actions pour la reconquête de la qualité de l'eau
Retrouvez sur la page Les actions / Améliorer la qualité de l'eau, l'ensemble des actions de reconquête de la qualité de l'eau.